C’est à Lyon, c’est annuel et ça a un succès grandissant : la 10e édition du festival Quais du polar vient de s’achever cette année sur un franc succès. 65 000 visiteurs sont venus rencontrer 80 auteurs ces 4, 5 et 6 avril derniers. À cette occasion, James Ellroy a remis à Hervé le Corre le prix Le Point du polar européen pour Après la guerre. C’est donc le moment ou jamais pour faire connaissance avec un maître du roman noir français.
Hervé le Corre est une grande figure du polar français. Né en 1955, il fut professeur de Lettres dans la région bordelaise. Passionné par le roman policier, il commence à écrire relativement tard, lorsqu’il a trente ans. Ses atmosphères très sombres, ses personnages fort caractérisés, lui assurent un succès immédiat. Hervé le Corre est très vite reconnu comme l’un des grands auteurs français du roman noir.
…. On pleure souvent sur soi, parce qu’on est terrifié de mourir ou parce qu’on est obligé de survivre, et qu’on se regarde pleurer et qu’on aime, parfois, cette dimension tragique qu’on croit atteindre dans ces cas là comme si on avait enfin sa place dans l’infini et interminable tourbillon des malheurs du monde.
Le roman noir, c’est ce type de roman policier qui met en scène de manière pratiquement invariable un univers violent, un regard pessimiste voire nihiliste sur le monde, et un certain engagement de l’auteur en filigrane.
Hervé le Corre est réputé, comme auteur, pour sa rage, pour sa tristesse, pour son désarroi. Il est aussi reconnu pour sa belle plume. Son roman phare est peut-être Les Cœurs déchiquetés, une ode à l’incertitude et aux sentiments passés à la moulinette urbaine.
Un crime parfait ? Ils s’en croient tous capables. Ils s’imaginent qu’en ne laissant aucune trace derrière soi on disparaît pour de bon, un peu comme un gosse qui se persuade qu’on ne le voit plus parce qu’il a caché sa figure dans ses mains
Après la guerre, le roman primé au festival Quais du polar 2014 de Lyon, met en scène trois personnages qui évoluent dans le Bordeaux des années 50. Entre ce commissaire odieux et pétainiste, cet enfant orphelin de parents déportés qui va faire la guerre en Algérie et un troisième personnage fort énigmatique qui se cache, c’est une histoire de vengeance.
Les portraits d’extraordinaires salauds sont ici transcendés par l’écriture d’Hervé le Corre et la figure de Darlac est à mettre au panthéon des pires personnages du roman noir français.
Parcours chaotiques, compromission au pouvoir, justice boiteuse et révolte sont les traits forts de cet univers qui dépeint un quotidien sans concession non pas haut en couleur, mais disons plutôt noir en couleur…