En février 1882, Helen Keller, une petite fille de 19 mois, fut terrassée par une congestion cérébrale qui la rendit sourde, aveugle et muette. Pendant quatre ans, la petite fille ne communiqua guère avec ses parents, sauf par des colères répétées. En désespoir de cause, ils firent appel à une très jeune éducatrice, Anne Sullivan, qui leur avait été conseillée par Sir Graham Bell, une connaissance de la famille.
En raison de son jeune âge, la jeune fille ne fut pas vraiment prise au sérieux par la famille qui ne cessa de succomber aux caprices et aux colères d’Helen.
Des signes, de l’eau et la lumière
Anne s’accrocha pourtant et parvint à s’isoler dans une grange attenante avec la petite fille. En esquissant des signes dans la paume de la main d’Helen avant de lui donner l’objet correspondant, elle pensa canaliser les colères. En effet, cet isolement fructueux permit de dédramatiser la situation. Anne pensait même qu’Helen Keller finirait par utiliser les signes pour obtenir les objets qu’elle voulait avec tant de force et de désespoir.
De ce fait, les crises finirent par s’espacer. Les parents d’Helen comprirent que ces progrès étaient prometteurs et acceptèrent d’engager Anne Sullivan sur le long terme.
Un beau jour, dans le jardin, Anne et Helen s’approchèrent du puits. Anne fit toucher l’eau à Helen et lui épèla sans cesse le mot ‘eau‘. Ce fut une révélation.
La petite fille emmena partout Anne dans le jardin pour savoir le nom de chaque chose qui jusque là n’était connue que par son toucher. Helen apprit ainsi à communiquer avec son entourage.
L’ascension d’Helen Keller
Pendant l’Exposition universelle colombienne de Chicago, en 1893, un certain Frank Haven Hall, directeur de l’Institut pour l’éducation des aveugles de l’Illinois, présentait un procédé de planches permettant d’imprimer des livres en braille. Il avait déjà inventé une machine à écrire en braille, mais avait refusé d’en déposer le brevet car il estimait que le profit financier n’était pas compatible avec la cause défendue.
Pendant qu’il occupait son stand, une jeune fille de treize ans muette, sourde et aveugle s’approcha, au bras de sa guide. Apprenant que Hall était l’inventeur de la machine à écrire qu’elle utilisait chaque jour, elle se jeta au cou de l’inventeur et l’embrassa avec gratitude. Hall garderait toute sa vie le souvenir ému de sa première rencontre avec la future écrivaine Helen Keller.
Grâce à Anne et à Frank, Helen Keller put intégrer la faculté de Radcliff College où elle devint la première personne handicapée au monde à obtenir un diplôme universitaire. Elle milita par la suite pour les causes socialistes et féministes, et écrivit des articles engagés, des essais politiques et des romans. Anne Sullivan ne la quitta jamais et devint, à la fin de sa vie, presqu’aveugle.
En 1915, Helen Keller fonda avec George Kessler the Helen Keller International (HKI), une fondation pour prévenir la cécité et la malnutrition dans le monde aujourd’hui présente dans 22 pays.
En savoir plus
- En ligne, l’autobiographie de Helen Keller (en Anglais)
- Le site de HKI
- Bibliographie :
- Sourde, muette, aveugle : histoire de ma vie trad. de l’anglais par A. Huzard, Payot & Rivages, 2001
- Ma religion, préface de Benjamin Vallotton, libr. Fischbacher, 1931
- Ma libératrice : Anne Sullivan Macy, Payot, 1956
- Sur Helen Keller :
- Margaret Davidson, La métamorphose d’Helen Keller, Gallimard Jeunesse, Paris, 2001, 128 p.
- Lorena A. Hickok, L’histoire d’Helen Keller, Pocket Jeunesse, Paris, 1998, 224 p.
- Sur Anne Sullivan :
- Kim E. Nielsen, Beyond the Miracle Worker : The Remarkable Life of Anne Sullivan Macy and Her Extraordinary Friendship with Helen Keller, Beacon Press, 2009 (en Anglais)
- Marfe Ferguson Delano, Helen’s Eyes: A Photobiography of Annie Sullivan, Helen Keller’s Teacher, National Geographic Books, 2008 (en Anglais)